Page:Elzenberg - Le Sentiment religieux chez Leconte de Lisle, 1909.djvu/177

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Le grave enseignement des vertus éternelles
S’épanchait de ta lèvre au fond des cœurs charmés ;
Et les Galiléens qui te rêvaient des ailes
Oubliaient leur Dieu mort pour tes Dieux bien-aimés.


Toutes les vraies qualités morales sont dans l’idéal que le polythéisme se fait de ses Dieux. Ceux de l’hellénisme tout d’abord ; quand dans le long et étrange défilé de la Paix des Dieux, après tous les monstres sémitiques, vient leur tour, c’est une vraie lumière dans les ténèbres :


Puis, les divins amis de la race choisie,
Les Immortels subtils en qui coulait l’Ikhôr,
Héroïsme, Beauté, Sagesse et Poésie[1]
Autour du grand Kronide assis au Pavé d’or.


Mais pas ceux-là exclusivement ; bien au contraire, la peinture la plus morale des Dieux païens est faite dans le cadre de la mythologie dont la répu-

  1. Les « héros, les poètes, les sages » sont encore associés dans Hypatie et la Prière védique, ainsi qu’à la fin de l’Apollonide. Ces trois termes résument son idéal. L’héroïsme en particulier est représenté comme la vertu païenne entre toutes, et dont les chrétiens font peu de cas, dans le Barde de Temrah [Poèmes barbares, p. 70], par exemple :
    Esprits qui remontiez noblement vers les Dieux
    Dans l’orgueil d’une mort inconnue aux esclaves !

    Cf. Khiron [Poèmes antiques, p. 204] : « Le brave, aimé des Dieux, qui tombe en combattant. »