Page:Elzenberg - Le Sentiment religieux chez Leconte de Lisle, 1909.djvu/19

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 15 —

exemple, c’est que probablement il y a dans l’esprit de cet homme une prédisposition, un besoin, auquel ce livre-là correspond et pas les autres. Leconte de Lisle a cru à la théorie de l’illusion parce qu’il a lu le Bhâgavata Purâna et n’aurait pas eu une telle idée sans cette lecture, tout comme un architecte ne peut construire une maison sans matériaux : mais il y a cru aussi parce qu’elle répondait pour lui à une nécessité intérieure ; sans cette nécessité pourquoi se serait-il précipité sur cette idée plutôt que sur cent autres ? Voilà un exemple choisi au hasard ; mais on verra quand il sera question, à propos de Leconte de Lisle, de Lamennais, de Spinoza, de Fourier, de Louis Ménard, qui, tous, ont eu leur part dans sa formation, que c’est toujours cette force intérieure, ce ressort intime que j’ai d’abord mis en pleine lumière ; et si, avec ce procédé, le portrait psychologique que je me suis proposé de tracer reste encore pâle et terne, du moins ne sera-ce que la faute de l’exécution littéraire et non d’un vice radical de méthode.