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CHAPITRE PREMIER


Les plus anciens textes, vers ou prose, que l’on connaisse de Leconte de Lisle, remontent à sa dix-neuvième, peut-être à sa dix-huitième année, et à partir de ce moment on peut suivre le développement de sa pensée avec assez de continuité. Mais quiconque a senti sa curiosité s’éveiller sur les rapports, si peu ordinaires, de Leconte de Lisle et de la religion, doit se demander, quand on lui parle d’explication biographique, quel a pu être son point de départ, la toute première direction qu’a prise son esprit, celle qui vient de l’éducation et du milieu familial. Est-il parti de la foi ou de l’incrédulité ? Malgré le peu de renseignements que nous ayons, la réponse semble possible.

Sur sa mère, un biographe nous donne cette brève indication : « Sans être dévote elle avait de la religion »[1] ; et un détail bien lait pour confirmer son dire, c’est que la Passion, le seul poème de la maturité de Leconte de Lisle qui soil d’inspiration chré-

  1. Calmettes. Leconte de Lisle et ses amis, p. 333.