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de la jeune créole qui fut son premier amour.

Mais celui qui s’était chargé de son éducation, et qui par conséquent dut avoir sur lui la plus grande influence, c’était son père : M. Barracand, qui a connu personnellement Leconte de Lisle, le certifie, et M. Tiercelin a même cité un document officiel[1]. Or, ce père, lui, était « nourri de Rousseau et des Encyclopédistes »[2]. Ce n’est pas qu’il paraisse avoir professé à l’égard du catholicisme une haine bien farouche[3] : on peut se l’imaginer comme une sorte d’amateur, encyclopédiste à ses heures de loisir, et peu disposé à aller aux conséquences extrêmes de ses opinions. Toujours est-il que les premières idées que, dès le moment où il commençait, à réfléchir, Leconte de Lisle ait trouvées sous la main, ce furent des idées « philosophiques » et irréligieuses. Seulement, le jeune homme qui, lui, n’est pas

  1. Tiercelin. Bretons de lettres, p. 36.
  2. Barracand, dans la Revue bleue du 28 juillet 1894. « Il tenait cela (sa haine de l’Église) de sa première éducation, dont son père s’était seul chargé. Nourri de Rousseau et des Encyclopédistes, il l’avait élevé d’après la méthode des philosophes. » Cf. Leblond, p. 14, note 1, où cela est confirmé par le témoignage « d’amis et surtout de parents ».
  3. On dit cependant que Leconte de Lisle n’avait pas fait sa première communion. Voy. Calmettes, op. cit., p. 30 et surtout p. 117. « Il ne pouvait présenter le certificat de la première communion qu’il n’avait pas faite. C’est lui-même qui l’a conté maintes fois. »