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tienne, est dédiée « à ma mère ». Quelques indices permettent de supposer que telle devait être à peu près la tendance la plus générale dans la famille. Ainsi, dans une lettre de son frère[1], écrite beaucoup plus tard, le poète, à propos d’une pièce de vers qu’il a adressée « à un de ses amis, devenu prêtre par douleur », est loué des principes irréprochables qu’il y a exprimés. Ces principes, nous le savons par ailleurs, ne pouvaient être que spiritualistes chrétiens ; et d’ailleurs cette seule expression : principes irréprochables, n’est-elle pas tout à fait d’un bien pensant ? Ce frère n’était donc pas hostile à la religion[2] ; et comme rien ne nous fait supposer qu’il ait eu une personnalité propre très marquée, il y a chance pour que ses opinions reflètent assez exactement celles du milieu. Quant à Leconte de Lisle lui-même, nous savons (c’est lui qui nous le dit)[3] qu’on l’envoyait à la messe, non seulement quand il était un enfant, mais encore comme jeune homme : c’est en assistant à une messe, paraît-il, qu’il s’éprit

  1. Leblond. Leconte de Lisle d’après des documents nouveaux, p. 143.
  2. Dans une lettre du 29 août 1870, publiée dans la Renaissance latine du 15 avril 1904, Leconte de Lisle parle encore d’une fille de son frère qu’on élevait au couvent.
  3. Dans la nouvelle : Mon premier amour en prose. Voy. la Variété, p. 246, le récit qui commence par ces mots : « Je me rendais un dimanche matin à l’église. »