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vent le chemin de son cœur. Le premier et le principal fut Rouffet. « cœur doux et solitaire, cœur où chante la foi », comme l’appelle une poésie qui lui est dédiée[1], élève d’un séminaire de Bretagne[2]. Six ou sept mois après l’arrivée de Leconte de Lisle, il est traité en vieil ami ; dans leur correspondance, qui s’ouvre alors, c’est, dès la première lettre, la plus complète intimité. Rouffet n’avait pas une personnalité prestigieuse ni éclatante, et ne se doutait peut-être pas même du rôle qu’il était appelé à jouer ; mais la tendresse naturelle de Leconte de Lisle fut séduite par sa sensibilité et sa douceur toutes religieuses. Votre éducation religieuse a développé en vous des pensées douces comme elle », dit Leconte de Lisle dans une de ses toutes premières lettres[3], dans une phrase où l’on saisit sur le vif la curiosité sympathique du nouveau venu dans les milieux religieux. Et, sans aucune conversion brusque, tout doucement, il se laisse glisser sur cette pente de religiosité. Ouvrons le volume des Premières poésies et lettres intimes : à la première page.

  1. La Gloire et le Siècle, Variété, p. 173.
  2. Premières poésies et lettres intimes, p. 96. « J’ai fait connaissance ici avec un jeune homme qui vous a connu au séminaire, M. Houein. »
  3. Premières poésies et lettres intimes, p. 16.