cesse la mort sous le masque de la vie, il préfère la regarder en face ; plutôt que de la craindre il se résigne à la désirer. Le cercle entier est parcouru ; parti de l’horreur du néant, Leconte de Lisle en arrive à l’invoquer, n’ayant, selon une expression qui s’appliquerait admirablement à lui, « que la mort pour se consoler de la mort »[1].
Dans ces invocations célèbres, il est impossible de ne pas sentir combien l’anéantissement auquel il prétend aspirer le désespère et le glace. Prenez le Vent froid de la nuit[2] : il se console des souffrances de la vie en se disant que la tombe est le remède infaillible, cela est vrai, mais quel accent dans cette consolation !
Encore une torture, encore un battement,
Puis, rien. La terre s’ouvre, un peu de chair y tombe,
Et l’herbe de l’oubli, cachant bientôt la tombe,
Sur tant de vanité croît éternellement.
De même, dans Solvet seclum[3] il se réjouit de ce que « l’esprit et la chair de l’homme », « le bruit sinistre des vivants » se tairont un jour ; mais, encore une fois, quelle joie lugubre !
Il y a un vers dans le Massacre de Mona où, chan-