les amitiés de l’individu ne sont pas homogènes. Sa maison devrait manifester honnêtement son sentiment de ce qui constitue pour lui le bien-être quand il se repose parmi les siens, en laissant de côté toute affectation, tout compromis, et même tout effort de volonté. Il apporte chez lui les différentes commodités et les ornements qui l’ont tenté durant des années, et l’on doit y voir son caractère. Mais quelle est l’idée qui prédomine dans nos maisons ? Le succès d’abord, ensuite l’agrément et le plaisir. Enlevons les toits de rue en rue, et nous trouverons rarement le temple de quelque divinité supérieure à la Prudence. C’est en matière de propreté, de ventilation, d’hygiène, de décorum, dans les moyens et inventions innombrables du confort, dans l’art de concentrer en toutes les demeures les produits de chaque climat, que la vie domestique a fait des progrès. Elle est organisée en vue d’avantages inférieurs. Les maisons des riches sont des boutiques de pâtisserie où l’on nous sert des gâteaux et du vin ; les maisons des pauvres sont, dans la mesure de leur savoir-faire, une copie de celles des riches. Avec ces fins en vue, la tenue d’une maison n’a rien d’aimable ; elle ne réconforte et n’élève ni le mari, l’épouse et l’enfant, ni l’hôte et le convive ; elle accable les femmes. Tenir une maison en vue de la Prudence est un labeur sans joie ; tenir une maison en vue du faste est œuvre impossible à tous, sauf à un petit nombre de femmes, et elles paient chèrement leurs succès.
Si nous examinons la question de près, la chose devient hasardeuse. Il nous faut toute la force d’un principe pour soulever ce fardeau ; car la richesse et la multiplication des commodités nous sont un