LE COURAGE
Je constate qu’il est trois qualités qui attirent visiblement l’admiration et le respect de l’humanité :
I. — Le désintéressement, tel qu’il se manifeste dans l’indifférence à l’endroit des profits et influences qui agissent d’ordinaire sur la conduite — des vues si sincères et si généreuses qu’on ne peut les détourner par des perspectives de richesses ou d’autres avantages personnels. Chez presque tous les hommes, l’amour de soi est tellement prépondérant, qu’ils se montrent incrédules à l’endroit d’un individu qui préfère habituellement le bien général au sien ; mais quand cette préférence leur est prouvée par le sacrifice des aises, de la richesse, du rang et de la vie même, leur admiration ne connaît plus de limites. C’est là ce qui a fait la force des saints de l’Occident et de l’Orient, qui ont dirigé la religion de grands peuples. Le sacrifice de soi-même est le miracle réel d’où sont sortis tous les autres miracles que l’on nous rapporte. C’est ce sacrifice qui a fait la gloire des héros de la Grèce et de Rome — de Socrate, d’Aristide, et de Phocion ; de Quinte-Curce, de Caton, et de Régulus ; de l’hospitalité d’Hatem Tai,