nesse de l’un ou de l’autre sexe. Quand les faits sont passés et lointains, comme le plus grand d’entre eux paraît insignifiant en comparaison du piquant de l’actuel ! Aujourd’hui aux examens scolaires, dans la classe d’histoire, le professeur interroge Sylvina sur Odoacre et Alaric. Sylvina ne peut s’en souvenir, mais se hasarde à dire qu’Odoacre a été vaincu. Le professeur répond sévèrement : « Non, il a vaincu les Romains. » Mais il est évident pour les visiteurs que cela n’a aucune importance en ce qui concerne Odoacre, et que cela en a énormément en ce qui concerne Sylvina ; et si elle dit qu’il a été vaincu, eh bien, il aurait beaucoup mieux fait de l’être que de lui donner un moment d’ennui. S’il avait été tant soit peu gentleman, Odoacre aurait dit : « Que je sois mille fois vaincu ! »
Notre sympathie pour la jeunesse et la beauté donne une nouvelle et légitime importance à leurs droits récents et multiples ; une sympathie identique traite de même en bienvenues toutes les formes d’excellence, sait découvrir et accueillir le mérite caché. Un Anglais de talent et de caractère distingué, qui avait amené ici un ou deux amis et toute une bibliothèque d’auteurs mystiques, m’affirmait qu’en Angleterre il ne restait plus rien ni personne qui pût exciter l’intérêt — il avait emporté tout ce qui avait de la vie. Je fus contraint de répondre : « Non, à la porte voisine de la vôtre, de l’autre côté du mur de la même maison, vivait probablement un homme plus grand qu’aucun de ceux que vous avez vus. » Tout homme a une histoire qui vaut qu’on la connaisse, s’il pouvait la dire, ou si nous pouvions la lui arracher. Le caractère et l’esprit ont leur magnétisme propre.