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Page:Emerson - Société et solitude, trad. Dugard.djvu/40

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L’ART

Toutes les formes de la vie — Commerce, Politique, Lettres, Science, ou Religion — semblent de nos jours avoir conscience de l’identité de leur principe, et s’efforcer de l’exprimer. Ce sont les rayons d’un même soleil ; chacune traduit en une langue nouvelle la signification de l’autre. Elles sont sublimes quand on les envisage comme les émanations d’une Nécessité qui s’oppose au vulgaire Destin en ce qu’elle est spontanée, vivante, et dissout l’homme, aussi bien que ses œuvres, en son flot bienfaisant. Cette influence est visiblement manifeste dans les principes et l’histoire de l’Art.

Mis d’un côté par la pensée et l’instinct en relations primordiales avec la vérité absolue, l’esprit humain, en vertu d’une nécessité égale, tend d’un autre côté à manifester et à incarner sa pensée, modifiée et diminuée par la corruption et l’erreur qui, d’après toute notre expérience, faussent l’individualité à travers laquelle elle passe. Non seulement l’enfant souffre, mais il crie ; non seulement il a faim, mais il mange. Non seulement l’homme pense, mais il parle et agit. Toute idée qui s’élève dans l’esprit vise en