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Page:Emery - Douces amies, 1920.djvu/182

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DOUCES AMIES

— Allons-nous au Bois, demanda Marcelle…

— Si tu veux !… répondis-je, d’un air indifférent…

Près du Pré-Catelan, Marcelle désira s’arrêter, pour jouir du charme de ce beau soir de juin, dans les massifs fleuris d’un petit café, caché sous les bosquets…

Marcelle me souriait…

Je fuyais son regard.

Tout à coup, je sentis que je ne l’aimais plus.

Mon cœur fut supplicié par une griffe atroce qui l’étreignait et le vidait… Mon amour s’en allait en torrent tumultueux… Il ne restait plus rien, en moi, qu’un cœur de pierre, qui ne battait plus, qui ne saignait plus ; mais qui douloureusement encore m’écrasait, m’étouffait.

J’aurais voulu pleurer ! Pleurer, quelle faiblesse ! Pleurer ! non, je suis trop orgueilleux pour montrer qu’on a pu me blesser et que je suis vaincu !

Je me suis mis à rire.

Oui, j’ai ri, bruyamment. Mon visage épanoui proclamait ma joie. Dieu, quelle joie ! Mon rire injuriait Marcelle et lui disait ;

« Non, je ne t’aime plus !… »

Aimer, pourquoi aimer ? L’homme doit être fort : qu’il cueille le sourire ou le baiser d’une