Aller au contenu

Page:Emery - Douces amies, 1920.djvu/181

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
176
DOUCES AMIES

peut-être, comme tant de Parisiennes riches, connaissait-elle cette gêne des femmes à la mode, qui ayant cent mille francs de revenus, et dépensant le double, sont traquées par les fournisseurs, persécutées par les créanciers. Je m’ingéniai, très adroitement, à connaître toute sa vie, lui laissant comprendre que je serais enchanté d’être pour elle le bon ami tendre et dévoué à qui une femme s’adresse, en toute occasion. Je voulus lui offrir des dentelles précieuses, des gemmes, des bibelots : mais elle ne voulut rien accepter que des fleurs…

Ce fut en vain, qu’à diverses reprises j’interrogeai M. de Santillon. Mon vieil ami éludait mes questions, ou me faisait des réponses ambiguës. Enfin, un soir, comme je lui demandais brutalement :

— Madame de Vouvray a-t-elle un amant ?

Il me répondit :

— Elle en a peut-être deux !

Et il s’éloigna, en haussant les épaules.

Le lendemain, je retrouvai Marcelle, chez Colomban, au thé. J’espérais que nous allions passer cette soirée à nous aimer. Mais elle me déclara qu’elle devait dîner chez une amie, et ne pouvait passer que deux heures avec moi. Tous mes projets d’amour s’écroulaient, j’en ressentis une violente irritation.