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Page:Emery - Vierges en fleur, 1902.djvu/101

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VIERGES EN FLEUR

neuses étalaient la fierté de leurs ventres repus.

Inconscients des hideurs exhibées, ils allaient, à petits pas, quêtant, eût-on dit, des regards.

Un couple accapara l’attention de Philbert.

Elle et lui : des bourgeois frisant la quarantaine.

Ils s’étaient détachés des groupes, marchaient seuls.

Ils passèrent devant Philbert. Leurs voix aigres se chamaillaient.

Lui. — Hortense, mon amie, vous êtes ce matin à faire rougir un troupier. Quelle tenue, ma chère ! Pour qui vous prendra-t-on, grand Dieu ! Seules les filles de mœurs abominables osent ainsi se montrer en costume indécent. On dirait que vous êtes nue. Vos têtons et vos fesses n’ont plus aucun secret pour les regards curieux.

Elle. — Vous êtes fou, François, ou de mauvaise humeur. Mon costume est semblable à celui que portait hier Mlle Luce.

Lui. — Songez, ma bonne Hortense, que mademoiselle Luce est une enfant encore et que vous aurez bientôt quarante ans.

Elle. — Taisez-vous, taisez-vous, François. Vous hurlez ; prenez donc un tambour, rassemblez tous les gens, pour leur crier mon âge. Apprenez, malhonnête, qu’une femme a seulement l’âge qu’elle paraît. Et je me sens très jeune.