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Page:Emery - Vierges en fleur, 1902.djvu/125

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VIERGES EN FLEUR

Pour ne pas éclater de rire, Philbert se mordit les lèvres, puis détourna les yeux.

Hou ! hou ! les bons et les honnêtes bourgeois ; leurs vertueuses épouses ! Quels fantoches ! Quels singes ! Puisque la vie humaine n’est qu’une curée à l’ivresse charnelle, pourquoi ces hypocrites se paient-ils de masques, n’osent-ils pas avouer leurs faims, leurs appétits ; pourquoi ces bêtes veulent-elles qu’on les prenne pour des anges ?

Hortense Houdet, maintenant, ne quittait plus Philbert des yeux. Elle l’appréciait, le flairait, le déshabillait. Elle cambrait le buste, sournoisement soulevait le bas de sa jupe, découvrant peu à peu chevilles et mollets. Et Philbert contempla : la chaussure était fine, les bas jolis, la jambe un peu grosse, mais de formes tentantes… Pourquoi pas ?… La dame était trop mûre. Le visage pourtant, assez habilement fardé, gardait une artificielle jeunesse, et les yeux, maintenant, allumés par la convoitise, avaient des éclats troublants. L’abondance des chairs n’était pas sans-charme. L’aventure en tout cas serait plaisante. Puis, Philbert se disait qu’un homme n’a pas le droit de se refuser au désir d’une femme, — fût-elle vieille et laide ! Justement, il avait sur la conscience le remords de la peine infligée jadis à une pauvre amante