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Page:Emery - Vierges en fleur, 1902.djvu/126

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VIERGES EN FLEUR

dont il avait méprisé la laideur : elle s’était traînée en vain à ses genoux, implorant un baiser, mendiant une caresse ; il avait repoussé la bouche qui se posait, très humble, sur ses mains et sur ses vêtements.

Et bien des fois depuis, il s’était condamné, avait cherché la pauvre créature, ne l’avait pas revue. C’était le seul péché qui attristât son âme ; il ne se le pardonnait pas.

Aussi, était-il prêt, si Mme Houdet continuait son manège, à ne pas se soustraire à ses désirs ardents — et il s’avoua même qu’il aurait un certain plaisir à s’imposer cette pénitence, pour expier la faute d’autrefois.

Le soir, après dîner, les hôtes du couvent se réunissaient encore sous le cloître, à peine éclairé par la lueur d’une veilleuse. Dans cette obscurité, les hommes allaient, venaient ; les femmes circulaient, bavardaient. Et des ombres passaient, lentes, silencieuses ; c’étaient les religieuses qui gagnaient la chapelle.

Au loin, les lumières rouges des sémaphores et des phares étoilaient les ténèbres. Philbert, seul, loin des groupes, suivait les feux tournants qui s’allument et disparaissent alternativement dans le mystère des nuits.

Une voix près de lui chuchota. C’était Luce.

Accoudée sur la balustrade, avec sa tante, elle