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Page:Emery - Vierges en fleur, 1902.djvu/13

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VIERGES EN FLEUR

Feminam quotidianam da nobis hodie !

Le prêtre balbutia :

— Monsieur, monsieur !

— Monsieur l’abbé, répondit Philbert, vous devez vous méprendre et me considérer comme un de ces bons niais d’anticléricaux qui croient se montrer très forts parce qu’ils injurient les prêtres. J’ai la prétention de n’être pas si sot. Et c’est du fond du cœur que je mêle ce matin ma prière à la vôtre. Vous demandez du pain au bon Père éternel. Chacun son goût. Moi je lui demande de la femme.

— Vous voulez vous marier ?

— Que le Dieu tout-puissant me préserve de ce mal. Libera nos a malo et uxore.

— Je ne vous comprends pas.

— Monsieur l’abbé, nous pouvons parler ainsi que des camarades : nous sommes du même âge, autour de la trentaine. Vous avez entendu assez de confessions, pour n’avoir pas à vous offenser de mes libres propos. Du reste, rassurez-vous, je sais me tenir. J’ai, à Paris, dans le nombre de mes amis, quelques-uns de vos confrères, qui sont de très aimables et très spirituels causeurs. Vous connaissez sans doute, de nom, l’abbé Varmel ?

— Le très grand orateur. Celui qui a prêché l’an dernier le mois de Marie à la Madeleine ?