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Page:Emery - Vierges en fleur, 1902.djvu/14

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VIERGES EN FLEUR

— Lui-même. Nous nous sommes connus dans l’atelier du peintre Dorsay ; nous avons admiré ensemble les jolies petites créatures qui servaient de modèles à notre ami, et nous avons ensemble apprécié leur beauté.

— Voilà des médisances.

— La pure vérité, monsieur l’abbé. Ah ! vous, en ces pays, le diable ne vous tente guère. Mais dans l’enfer parisien, il assaille jour et nuit la vertu de vos confrères ; et comme il se présente sous des aspects charmants, il met souvent en déroute les meilleures résolutions d’implacable chasteté ; car la chair est si faible…

— Oui, murmura le prêtre, elle est faible, monsieur.

— J’en sais quelque chose, d’autant plus que moi je n’ai aucune raison pour tenter de lutter. La chair, monsieur l’abbé, la chair, la chair, la chair ! Une gorge moelleuse et blanche, une jambe bien faite, des yeux qui flambent, une bouche qui se pâme, voilà toute ma vie. Hormis la chair et le baiser rien n’est beau, rien n’est bon, rien n’est vrai ici-bas. L’abbé Varmel est de mon avis. En cette vallée d’ombre et de larmes, dit-il, la femme c’est la lumière et le sourire, et Dieu nous l’a donnée pour nous initier, dès ce bas monde, aux splendeurs éternelles. Aussi je vous promets qu’il s’initie consciencieuse-