poitrine ce pauvre cœur qui souffre, et le noyer dans cette mer !
— Vous parlez en héros de roman ! Je vous admire. Vous passez votre vie à lutter contre vous, contre la destinée, contre l’amour ! Et vous lancez parfois des phrases de tragédie, comme un Shakespeare ou un Victor Hugo !…
— Raillez !
— Mais j’applaudis plutôt, quand la tirade est belle !
— Aimer ! Ne pas aimer !
— To love or not to love : c’est Hamlet que j’entends.
— Mais répondez-moi donc : m’aime-t-elle, m’aime-t-elle ?
— Le moyen le plus sûr pour être renseigné, c’est de l’interroger elle-même. Voici la nuit qui vient. Dirigeons-nous vers la grève, nous rencontrerons Luce avec sa noble tante. Sans doute elles seront mêlées aux groupes, mais nous saurons les attirer à nous, loin du vulgum pecus. Puis, vous raconterez à la vieille parente des histoires de brigands tandis que je ferai subir à Luce l’interrogatoire. Me voici transformé en grand inquisiteur, qui met les jeunes filles à la question et leur fait avouer leurs secrètes pensées.
Le soleil s’éteignait, à l’est, dans un étincellement de pourpre et de sang. Son disque cra-