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Page:Emery - Vierges en fleur, 1902.djvu/134

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VIERGES EN FLEUR

moisi pénétrait dans la mer, s’enfonçait peu à peu. Et l’eau se pailletait de gemmes fantastiques, d’ors, d’argents, se moirait de lignes flamboyantes.

L’astre plongea. Ce fut encore une éruption de flammes et d’éclats. Puis le ciel s’assombrit de cuivre roux, d’azur. Et la mer s’apaisa, terrassée par le spasme.

L’abbé Le Manach et Philbert allèrent s’asseoir sur la grève, près de Luce et de sa tante.

Sitôt leur arrivée, la jeune fille pâlit, devint nerveuse, se leva, entraîna des babys avec elle, jouant ; puis elle revint, se plaça tout près de Philbert.

La vieille dame et le prêtre bavardaient, ainsi qu’il était convenu.

Luce dit à Philbert :

— Il y a longtemps que vous connaissez M. l’abbé ?

Cette interrogation était posée d’une voix brève, où de l’irritation, de la colère presque se manifestaient.

— L’abbé ! Déjà nous sommes une paire d’amis. Voilà six ou sept jours que nous nous sommes rencontrés pour la première fois.

M. Le Manach est très aimable, très sympathique. Il n’est pas de ces prêtres moroses et grondeurs qui s’acharnent à nous faire haïr