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Page:Emery - Vierges en fleur, 1902.djvu/135

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VIERGES EN FLEUR

cette vie. Il est de ceux qui veulent un peu de roses, en ce chemin d’épines et de larmes.

— Les roses ! Hé, le malin, il les cueillerait, je crois, très volontiers.

Luce frémit un peu, et regardant bien en face Philbert :

— Il ne doit récolter aucune fleur, n’espérer aucune moisson. Et je suis convaincue qu’il n’y songe point.

— Vous a-t-il donc ouvert son cœur, mademoiselle, pour que vous affirmiez ainsi ses renoncements ?

— Vous a-t-il confessé, à vous, des intentions qui seraient coupables ?

— Coupables ! Pauvre garçon : n’est-il pas, comme vous et moi, un être humain ? N’a-t-il donc pas un cœur ? Ne peut-il pas aimer ?

— Sa tendresse, il la doit à son Dieu et à tous les hommes…

— Mais son amour ?…

— Il doit le disperser aussi sur chaque créature.

— Il peut le recueillir sur une seule tête.

— Pourquoi me parlez-vous ainsi ? Et quand vous me parlez, pourquoi vos yeux ont-ils cette expression cruelle qui m’épouvante un peu ?…

— Si mes yeux sont vraiment si menaçants,