je n’ai plus rien à vous dire. Bonsoir, monsieur l’abbé.
Un voiturier promena, tout ce jour, Luce et sa tante à travers les riches campagnes vallonnées. On arriva à Plougarec, au coucher du soleil.
Loin des chemins de fer et des routes battues que parcourent les excursionnistes, le vieux bourg est semé dans une plaine inculte, parmi des mégalithes et des menhirs rosés. Ses maisons sont antiques et d’une architecture étrange. Aux siècles passés, dit-on, c’était le repaire de quelques familles de Northmans, qui vivaient de pillages et de rapines, refusaient toute alliance avec les habitants de la contrée, gardaient la barbarie et la férocité des conquérants descendus du Nord au temps de Charlemagne. Chaque demeure du bourg semble une forteresse, avec ses murs épais, ses portes bardées de ferronneries, ses fenêtres étroites ainsi que des meurtrières.
Mais les gens aujourd’hui sont paisibles, doux, hospitaliers, comme le Breton que notre civilisation n’a pas encore pourri.
Luce, inquiète, errait dans les rues tortueuses ; sa tante la suivait.
C’était une grosse vieille femme très âgée ; elle marchait avec peine et trébuchait sur le sol hérissé de pierres.