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Page:Emery - Vierges en fleur, 1902.djvu/156

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VIERGES EN FLEUR

Docile au moindre caprice de Luce, elle n’avait pas même songé à s’étonner de ce voyage brusquement décidé. Un peu lasse maintenant, brisée par les cahots de la voiture, elle geignait :

— Mignonne, entrons dans une chaumière, où je pourrai m’asseoir et me reposer.

Luce poussa la porte d’une maison, entra.

Une femme qui préparait la soupe, dans la vaste cheminée, offrit aux visiteuses de prendre place devant le feu, sur un banc de chêne.

— Madame, demanda Luce, voulez-vous nous indiquer un hôtel où nous pourrons passer la nuit.

— Un hôtel, ma bonne demoiselle, il n’en existe pas dans ce bourg.

— Mon Dieu ! fit la tante d’une voix lamentable, vais-je donc être obligée de me faire transporter, à pareille heure, dans cette abominable carriole, à quinze ou vingt kilomètres pour trouver un lit ?

— Oh ! fit la villageoise, vous pourrez coucher à Plougarec. Chez ma voisine, la veuve Binic, il y a un lit que personne n’occupe, et que la bonne femme sera très heureuse de mettre à votre disposition.

— Eh bien, va voir, mignonne ! dit la tante, si cette personne, réellement, consent à nous recueillir ?