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Page:Emery - Vierges en fleur, 1902.djvu/165

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VIERGES EN FLEUR

prendre à pleine bouche, et parcourir ce corps, ce beau corps en amour.

Philbert pourtant n’osait…

Lui, qui n’avait jamais tremblé, sentait ce soir son cœur tordu par une angoisse violente ; sa force fléchissait.

Un bruit… des craquements… puis Luce murmura d’une voix si faible, si faible, qu’on entendait à peine :

— À vous, monsieur ! Je suis maintenant dans mon lit.

Il entra dans la case.

— Voulez-vous tirer la porte ? pria Luce.

Il fit glisser les deux battants, ferma les yeux, pensant dormir.

Mais sa chair s’insurgeait, refusait de s’assoupir ; elle se débattait en luttes douloureuses, folle de se ruer à la joie, à l’amour.

Luce ne dormait pas davantage.

Philbert entendait les glissements et les saccades du corps de la jeune fille.

Puis, il reconnaissait les aromes excitants de sa chevelure, de sa gorge, de ses aisselles. Et, parmi ce concert d’odorantes délices, il percevait aussi un encens plus intime, plus pénétrant, plus fort, l’encens mystérieux de la divine fleur.

Alors il se crispa ; ses membres convulsés se tendirent, ses lèvres se haussèrent vers la plan-