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Page:Emery - Vierges en fleur, 1902.djvu/166

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VIERGES EN FLEUR

che où Luce était couchée. Il embrassa le bois, le mordit, y incrusta ses dents, comme si les subtiles essences charnelles pouvaient s’y infiltrer, couler jusqu’à sa bouche.

Puis un espoir lui vint de culbuter la couche et de faire choir Luce, brusquement ; elle tomberait et serait recueillie dans les bras éperdus qui l’étreindraient, la garderaient.

Ses efforts furent vains.

Ses mains n’ébranlèrent pas la planche ; elle était solidement chevillée.

Philbert alors, avec d’infinies précautions, entr’ouvrit la porte ajourée qui fermait le double lit. Une émotion extrême lui serrait le cœur. Il croyait défaillir, l’angoisse le glaçait.

Les battants écartés enfin, il sortit de sa niche, sans bruit, très lentement.

Puis, monté sur le coffre scellé dans la boiserie, devant le lit, ses yeux cherchèrent à voir dans la nuit.

Mais n’apercevant rien, pas même la blancheur des draps, il écouta.

La respiration oppressée de Luce, le rythme irrégulier de son souffle dénonçaient qu’elle ne dormait pas et qu’elle était en proie à de violents émois.

L’attente ou l’épouvante ?

Philbert tendit les mains et palpa sous la toile