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Page:Emery - Vierges en fleur, 1902.djvu/179

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VIERGES EN FLEUR

L’homme est soumis à l’enveloppement des êtres et des choses qui l’environnent. Nul ne peut s’arracher à cette contagion…

Puis Philbert retourna, plein d’espoir, vers Trégastel, heureux de dire à Luce ses doux projets de joie. La première personne qu’il aperçut, près du couvent Sainte-Anne, fut l’abbé Le Manach.

Le prêtre, souriant, les yeux hostiles et ironiques, vint le saluer.

Son rire épouvanta Philbert :

— Hé ! vous êtes joyeux, l’abbé !… Avez-vous donc été, mon bon disciple, digne de votre maître ?

Tandis qu’il s’efforçait à recéler son trouble, il se rappelait les conseils mauvais, la conquête de Luce indiquée au rival ; il considérait maintenant comme une infamie, un outrage à l’aimée, les paroles maudites : « Soyez l’initiateur ! »

Pourquoi donc aujourd’hui riait-il, cet abbé ?

Et Philbert se sentit au cœur une morsure qui le suppliciait et le déchirait :

— Vous avez, lui dit-il, l’allure magnifique d’un triomphateur ! Allez, je vous écoute. Dites-moi, mon ami, la lutte et la victoire !

L’abbé riait toujours ; il répondit enfin :

— Ah ! vous vous exaltez ; au lieu de vous réjouir que je sois bon disciple, vous me semblez