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Page:Emery - Vierges en fleur, 1902.djvu/183

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VIERGES EN FLEUR

La gorge de la dame, à ces mots, se gonfla. Le corsage entr’ouvert laissait voir un coin rose.

Philbert rivait ses yeux à cette chair mouvante.

— De beaux rêves ! fit-il… Pourquoi aimer se perdre dans les mirages et les illusions, au lieu de savourer de douces réalités ?

— À mon âge, monsieur, on n’a plus que le rêve !… Les lauriers sont coupés : les roses sont flétries…

— Je vois encore des fleurs !

Et les yeux de Philbert se posaient sur les seins.

— Des fleurs, murmura-t-il, en pleine éclosion ; et je sens leur parfum qui m’enivre et m’affole.

— Monsieur… monsieur…

— Ah ! je voudrais changer vos rêves en réel, vous dire que ces fleurs m’attirent, me captivent, et que, depuis longtemps, ma bouche les convoite. Vous êtes, pardonnez mon audace, madame, vous êtes de ces femmes que les vrais amoureux adorent. Et j’ai la prétention d’être de ces fervents !

— Monsieur, vous me troublez ; je devrais vous prier de ne pas murmurer ces paroles enjôleuses ; j’aime mieux vous avouer loyalement qu’elles me ravissent, et qu’elles jettent un clair rayon dans ma pauvre existence. Oui, oui, je vous