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Page:Emery - Vierges en fleur, 1902.djvu/188

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VIERGES EN FLEUR

tient, hâté de voir M. Houdet sortir. Sitôt que le brave homme eut disparu dans les rochers de la grève, Philbert se précipita vers la porte d’Hortense.

L’amoureuse ayant coquettement transformé la chambre banale d’hôtel, en avait fait un nid mignon. Les fenêtres hermétiquement closes, les tentures tirées mettaient une ombre vague à peine diluée par la lumière rose d’une veilleuse. Dans les vases, des fleurs mourantes versaient de doux parfums. Enfouie dans le lit, parmi les fines dentelles frissonnantes de sa chemise, Hortense tressaillait d’inquiétude et de joie.

Philbert n’apercevait que l’or de ses cheveux.

Il écarta les draps, et dans les lingeries découvrant le visage pâle où se lisait de la honte et de l’angoisse :

— Oh ! chère, chère, pourquoi me cacher ainsi ta beauté ?

— Je tremble, ami, j’ai peur d’être trouvée laide et vieille, et ridicule par vous…

Très tendrement, il joua avec les cheveux blonds, puis chercha des baisers sur la bouche extasiée ; et ces baisers avaient un frais parfum de jeunesse. La bourgeoise ridicule était transfigurée. Hors le cadre grossier de ses élégances provinciales, séparée de l’époux comique, Hor-