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Page:Emery - Vierges en fleur, 1902.djvu/189

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VIERGES EN FLEUR

tense maintenant avait le charme mûr et très voluptueux des femmes à leur automne.

Sa gorge, abondamment épanouie, avait conservé une agréable harmonie grasse et moelleuse. Et tout son corps était une proie succulente, dans sa maturité chaude. Philbert se réjouissait en des griseries douces.

Hortense s’exalta. Pour la première fois, sa chair se magnifiait dans l’étreinte superbe. Accoutumée jadis aux sobres exercices de l’union maritale, dégoûtée de ce sport, depuis plusieurs années ayant renoncé aux pratiques de l’accouplement triste, elle s’éveillait cette aurore, dans l’ivresse vivifiante de la passion. Alors une tristesse à sa joie se mêla. Toute sa vie perdue, sans amour, sans liesses, lui sembla un sacrilège, une monstruosité.

Et c’était au déclin seulement qu’elle savait l’unique bonheur, la seule félicité !

Philbert, sous ses baisers, goûta l’amertume d’une larme.

— Tu pleures, ma chérie !

— Oui, je maudis le sort qui m’a jusqu’à ce jour privée de ces délices ! Pourquoi ne t’avoir pas à seize ans, rencontré, mon cher amant, pourquoi ?… Pourquoi l’amour vient-il si tard ? Ah ! pauvres filles, nous ignorons son charme. Nos parents et le monde nous vantent des vertus