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Page:Emery - Vierges en fleur, 1902.djvu/19

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VIERGES EN FLEUR

rage, tout, tout, tout. Je suis donc très savant, infiniment savant. Eh bien ! j’ai constaté que la vierge, dont on loue la pudeur, dont on vante le charme, est une horrible bête, quelque chose d’infâme, de presque criminel. C’est à croire qu’elles sont empoisonnées par la tare physique qui les ferme à la vie, et qu’elles n’ont en elles rien de bon, rien d’humain. Oui, pour que la bonté, que l’humanité pénètrent en elles, il faut que soit rompue la barrière fatale. Alors, devenues femmes, en quelques heures elles se métamorphosent ; tout en elles se mue, le cœur enfin rayonne. Vous vous extasiez, vous, de leur naïveté, de leur grâce, de leurs mines ; vous vous émerveillez de ce que vous appelez leur pureté. Cette pureté-là n’est que de la boue, de l’eau de marécage que le soleil de l’amour purifiera. Ah ! si vous pouviez lire au fond d’un cœur de vierge : c’est un chaos sordide, un cloaque pourri. Non, vous ne savez pas toutes les infamies qui grouillent là-dedans ! Et moi, je les connais !

— Vous avez rencontré, sans doute, quelque monstre dont l’âme, dans un corps vierge, était abominablement souillée. Mais il ne faut pas croire que toutes soient ainsi. J’ai plongé mes regards dans le cœur des jeunes filles ; au confessionnal, j’ai connu leurs secrets. Je les dé-