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Page:Emery - Vierges en fleur, 1902.djvu/191

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VIERGES EN FLEUR

d’ivresse infinie entre les seins gonflés et frémissants d’amour.

Une alerte rompit, quelques instants, leur bonheur.

Un poing heurta la porte :

— Ciel ! mon mari peut-être !

— L’aventure est fâcheuse. Ce qui me désespère plus que tout c’est qu’il vient trop tôt, ce brave Houdet, car j’espérais encore une heure dans tes bras.

— Ami, je n’ai pas peur. Qu’il se venge et me tue ! Ah ! ce serait divin, dis, de mourir ainsi, l’un à l’autre liés dans un dernier baiser.

— Oui, ce serait divin. Mais je veux encore vivre. M. Houdet n’est pas un ogre impitoyable. Puis, s’il voulait pourtant mordre, je montrerais aussi les dents.

Hortense demanda :

— Que veut-on ?

Une voix menue répondit :

— Pardon, madame, je venais faire la chambre. Il est onze heures.

C’était une nonnette. Mme Houdet, attristée, soupira :

— Je ne mourrai donc pas, ce matin. Je le regrette. Adieu, mon bel ami, sauvez-vous ; et gardez, comme une vieille fleur fanée, le souvenir d’une pauvre femme qui vous a donné, en une