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Page:Emery - Vierges en fleur, 1902.djvu/192

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VIERGES EN FLEUR

matinée, toute sa chair, tout son cœur, et toute sa vie. Adieu, mon cher amour. Adieu ! Adieu ! Je ne goûterai plus à toutes ces ivresses que tu m’as enseignées ; mais je les revivrai, chaque jour, je le jure ; et je te reverrai, mon cher amant, dans mes beaux rêves. Je serai bien heureuse.

Adieu, adieu, merci !…

Sur la grève, Philbert aborda Luce, et souriant, moqueur :

— Permettez, lui dit-il, que l’on vous félicite et qu’on forme des vœux très sincères…

— Pourquoi me parlez-vous ainsi, l’air ironique et presque impertinent ?

— C’est que l’on m’annonça, ma noble demoiselle, votre prochain mariage avec un beau monsieur, que vous adorez, dit-on, car il possède le plus puissant talisman pour se faire chérir des filles comme vous !

Luce, cinglée en pleine face par l’injure, se révolta :

— C’est encore l’abbé qui m’a calomniée. Et vous osez, monsieur, me traiter de la sorte, m’insulter grossièrement, parce que vous avez cru à ses infamies. À mon retour de Plougarec, l’abbé m’a proposé, en effet, un mariage…

— Vous avez refusé ?

— Je n’ai pas accepté… J’ai déclaré que je voulais d’abord réfléchir.