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Page:Emery - Vierges en fleur, 1902.djvu/193

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VIERGES EN FLEUR

— Ah ! ne mentez donc pas. Votre décision est bien arrêtée. Vous voulez épouser le hobereau breton. Et vous avez raison. Il est digne de vous, sans doute ; il est de votre race, ce monsieur Du Guiny, de la race bâtarde qui tient du paysan rapace et du bourgeois vaniteux ; allez, je vous bénis, mon enfant ; soyez heureuse comme vous le méritez, faites beaucoup d’enfants…

— Mais, je vous le répète, je n’ai pas accepté. Vous êtes en colère ; pourtant, suis-je coupable ? Oui, je sais, là-bas, dans la chaumière, quand la vieille femme nous a demandé si nous étions fiancés, nos mains se sont étreintes, nos bouches ont dit : Oui ! Mais était-ce sérieux ? Étiez-vous bien sincère ?…

— Luce, à cette heure-là, j’ai cru voir le bonheur ! Oui, oui, je vous le jure, j’ai eu la vision d’un paradis terrestre où vous étiez mon Ève — et ce rêve est brisé ; depuis hier il est mort.

— Il ressuscitera, peut-être…

À cet instant, la vieille tante de Luce accourait, rayonnante :

— Ah ! monsieur, vous voici revenu de ce vilain pays où nous nous sommes rencontrés l’autre soir. En arrivant ici, une bonne nouvelle nous attendait. On demande ma nièce en mariage : une affaire superbe : deux millions, cher monsieur.