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Page:Emery - Vierges en fleur, 1902.djvu/224

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VIERGES EN FLEUR

— Quel réveil !… Oh ! j’ai honte, j’ai honte ! Cet homme nous a vus !…

— Luce, tu es ma femme ! Tu es à moi ! Et rien désormais ne peut t’atteindre… Et l’abbé va du moins, cette nuit, nous servir. Grâce à lui, ma chérie, le scandale que tu redoutais, si nous étions rentrés tous deux seuls au couvent, nous l’évitons. Allons, l’abbé, venez !

— Laissez-moi, je vous prie.

— J’exige que vous nous accompagniez. Votre présence est nécessaire : elle fera taire les médisances.

— Oui, vous avez raison. Et je rentre avec vous…

Pas un mot ne fut prononcé, durant cette marche à travers la nuit. Luce était à la fois ravie et inquiète. Elle tenait le bras de Philbert, son époux ; et leurs mains s’enlaçaient, tendres, remerciantes.

Jusqu’à l’aube, l’abbé pleura et sanglota.

Quelques jours s’écoulèrent, délicieux, charmants.

Philbert était repris par le charme de Luce. Et son rêve un instant rompu de bonheur se renouait… Il serait désormais tout à la douce amie. Il vivrait dans la joie d’une union exquise, effaçant jusqu’aux souvenirs des belles folies passées.