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Page:Emery - Vierges en fleur, 1902.djvu/225

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VIERGES EN FLEUR

Luce un soir murmura :

— Je crois que nous devrons hâter le mariage, car peut-être un bébé naîtra, avant neuf mois.

Un bébé !

Et Philbert eut la vision rose d’un tout petit être, qui serait son enfant.

Ce fut un faux espoir ; comme il interrogeait Luce, quelques jours passés, elle répondit :

— Non… je m’étais trompée… et n’en suis pas fâchée. À peine mariée, être mère, ce n’est pas gai. Mais cette fausse alerte doit nous rendre prudents. Faites votre demande à ma tante ; dites-lui que vous m’aimez, car elle sait déjà que moi je vous adore.

La vieille dame, très émue, répondit que ce mariage, conclusion d’une aimable idylle aux bains de mer, la comblait de bonheur. Elle ajouta pourtant :

— Nous parlerons tous deux de choses sérieuses que Luce, trop enfant, ne saurait discuter. Le mariage, c’est l’union de deux cœurs, c’est aussi l’association de deux fortunes. Nous ne sommes pas riches, vous êtes millionnaire. Il nous faut tout prévoir, la vie comme la mort : et je crois qu’il serait sage de votre part de reconnaître à Luce, en signant le contrat, la moitié de vos biens.

— Madame, je ne suis pas un bon bourgeois,