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Page:Emery - Vierges en fleur, 1902.djvu/227

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VIERGES EN FLEUR

— Qu’avez-vous donc de triste et qui vous fait pleurer, dites petite amie ?

— Monsieur, monsieur, c’est mal ; vous nous avez trompées. On n’agit pas ainsi. Ah ! ce n’est pas loyal !

— Que me reprochez-vous ?

— Voyez cette lettre.

— Ah ! sans doute des calomnies et des médisances anonymes. Quelque lâche a voulu ruiner mon bonheur ; mais je le connais, le misérable. Un seul homme entre nous, ma Luce, peut se dresser : encore cet abbé, toujours lui.

— Non, pas lui, dit Luce. Et le seul coupable, hélas ! c’est vous.

— En effet, reprit la tante ; ce papier qui cause nos tristesses, c’est une lettre de votre notaire, monsieur. Vous m’aviez priée de régler moi-même les questions d’intérêt. Aussitôt je me suis mise en relations avec celui que vous avez chargé de la gérance de votre fortune ; et j’apprends que vous ne possédez point ces trois ou quatre millions dont vous vous faisiez gloire.

— Ah ! dit Philbert, riant, quand je parlais ainsi, c’était en un accès de rage et d’ironie, le jour où vous m’avez annoncé que messire du Guiny demandait la main de Luce.

— Trois millions, disiez-vous, trois millions, trois millions.