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Page:Emery - Vierges en fleur, 1902.djvu/23

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VIERGES EN FLEUR

être fidèle à mes principes. Car, pour notre agrément personnel, les aimables petites dames qui cultivent l’adultère, les veuves qui ne peuvent se sevrer de l’étreinte et les prostituées surtout, sont préférables.

— Les prostituées !

— Le mot est effrayant. Les gens honnêtes, les gens moraux, qui sont des idiots, des crétins, des coquins, pensent déshonorer, avec ce laid vocable, les bonnes créatures prêtes à toujours aimer, les femmes qui, vraiment, sont fidèles aux lois, aux lois éternelles et splendides de la vie.

— Vous êtes un monsieur terriblement immoral, et vous m’effrayez.

— Et vous êtes, l’abbé, un parfait hors nature, ainsi que la majorité de nos contemporains qui veulent s’affranchir des normes de l’amour.

— Je crois que vous vous amusez à m’épouvanter avec vos paradoxes.

— Nullement, j’essaie de vous convertir au vrai, au beau, au bien.

— Quel singulier apôtre !

— Du moins très convaincu. Toute ma religion, son dogme et sa doctrine, se résument en ce mot : aimer !

— Aimer !

— Aimer ! Ne riez pas ! Oui, c’est l’amour