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Page:Emery - Vierges en fleur, 1902.djvu/232

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VIERGES EN FLEUR

Philbert, prit le bras du prêtre et l’entraîna.

— Ouf ! dit la vieille tante, le dénoûment me plaît. Entre nous, je préfère à ce Parisien le gentilhomme breton qui sera ton mari.

— Mon cher, disait Philbert au prêtre, vous n’allez pas hurler sur tous les toits de Bretagne que vous m’avez surpris l’autre soir, sur les sables, initiant Luce à l’amour et pillant sa virginité. Vous fûtes le témoin de nos transports ; vous avez entendu nos hurlements de joie. Quand je serai parti, l’abbé, prenez la fille, et réjouissez-vous d’elle : j’ai creusé le sillon, j’ai semé la récolte ; glanez, mon cher, glanez. À ces régals d’amour où le corps de la femme est notre table sainte, croyez-moi, il y a place pour de nombreux convives. Mangez, l’abbé, mangez. Nos miettes suffiront au cousin du Guiny. Cette Luce vraiment a l’âme d’une prostituée. J’ai cru, naïf et sot que j’étais, oui, j’ai cru que j’étais aimé. Mais les vierges honnêtes et chastes n’aiment pas !

— Impie, vous reniez votre foi ! Luce vous chérissait ardemment, follement, puisqu’elle s’est donnée…

— Donnée ! Non, je l’ai prise. Elle était ce soir-là troublée, ensorcelée. Puis, c’était un calcul peut-être ; oh ! c’est possible. Qui sait si elle n’a pas joué la comédie pour se bien attacher un fiancé qu’elle croyait alors très riche, le