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Page:Emery - Vierges en fleur, 1902.djvu/247

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VIERGES EN FLEUR

en pavés, pour y glaner des fleurs fanées et galeuses, être l’ignoble vieux qui guette les fillettes, leur enseigne le vice, commet le sacrilège de mêler son haleine puante au souffle frais ; — ou bien se résigner, comme Oscar et les autres, à des accouplements immondes.

Philbert, maintenant, marchait dans le salon, tandis que somnolait Fanoche et qu’Oscar dégustait le café, les liqueurs.

Soudain, dans une glace, il vit une silhouette, et crut être le jouet d’un hideux cauchemar.

Un fantôme était là ; l’image d’un vieil homme, aux yeux éteints, aux traits décrépits, à l’allure cassée. Et ce vieux, c’était lui ; il se reconnaissait dans ce masque avachi et pâlot.

Il eut peur.

Déjà, était-elle sonnée l’heure fatale, l’heure triste où l’on n’est plus l’amant — mais le client !

Il s’écria :

— Oscar !

— Hé, quoi, mon vieux ?

— Voyons, regarde-moi bien en face, et sois franc ; N’ai-je pas vieilli ? mon visage n’est-il pas terni, décomposé ? Suis-je un jeune homme encore ou bien un vieux monsieur ?

— Hé ! hé ! Tu as baissé, depuis deux ans,