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Page:Emery - Vierges en fleur, 1902.djvu/248

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VIERGES EN FLEUR

mon cher. Tu me sembles affaissé, moins fringant. L’heure de la retraite est proche.

Philbert se sentit froid jusqu’aux moelles. Il s’affaissa sur un divan, près de Fanoche qui s’éveilla.

— Ah ! fit la grosse dame, excusez-moi, je m’étais un peu assoupie.

Elle se mit à bavarder, conta quelques histoires de Saint-Pol-de-Léon, cita les bourgeois du voisinage qui couchaient avec leurs bonnes ; puis, agressive :

— Oscar, Oscar, si jamais je t’y pinçais à faire la bête à deux dos avec notre servante, je prendrais les ciseaux, vieux paillard…

— Tu es folle, Fanoche. Tu sais bien que je suis le modèle des époux.

Philbert, en entendant ces propos, évoquait le noceur élégant, audacieux qu’avait été Oscar, Il revoyait son camarade, les nuits de fête, parmi les jolies filles, et comparait cette image à la caricature qu’il contemplait ce soir.

Au lieu de s’évader du ménage comique, il voulut se repaître, jusqu’à la nausée, du spectacle qu’il avait sous les yeux. On atteignit minuit.

— Tu vas passer la nuit ici, dit Oscar ; nous avons heureusement une chambre à t’offrir. Toutes les hôtelleries de Saint-Pol-de-Léon ont