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Page:Emery - Vierges en fleur, 1902.djvu/255

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VIERGES EN FLEUR

raîtrait enfin, quand on saurait qu’être dur, implacable à autrui, c’est se nuire à soi-même, et qu’on jouit aussi de l’allégresse de tous les êtres, quand la communion douce et miraculeuse a réuni les cœurs et les âmes. Oui, tous, hommes d’aujourd’hui, d’hier et de demain, nous constituons un corps grandiose, palpitant, magnifique, immortel. Nos pères ne sont pas morts, ils vivent autour de nous. Et nous ne serons pas la proie des noirs néants. Ce qui vit ne périt point, mais se transforme, s’irradie sans cesse dans le tourbillon lumineux de la vie. Oui, je sens palpiter toujours, dans notre monde, l’âme de celles et de ceux qui avant nous, ont existé, ont souffert, ont aimé…

Philbert interrompit l’homme qui discourait :

— Monsieur, pardonnez-moi de venir, en intrus, me mêler à cet entretien. Mais la désespérance où je languis par vous s’illumine d’espoir. La chaîne qui nous lie à celles qui ne sont plus pourrait se renouer, avez-vous dit…

— Peut-être !

— Oh ! je vous en supplie, dites par quels moyens on peut revoir du moins les mortes qu’on adore. Quel pacte diabolique faut-il risquer ? Ou bien quelle prière fervente adresser au Très-Haut ?

— Le diable et le bon Dieu, monsieur, sont