rant, jouet de maints courants — comme tous mes semblables, qu’ils soient rois ou valets ! Oui, l’homme n’est toujours qu’un chétif animal, vautré sur sa litière, croupi dans ses ordures. Depuis tant de milliers d’années qu’il existe, peut-être, il n’a vécu que pour ses instincts bas, pour l’assouvissement des appétits charnels : manger, boire, dormir et faire l’amour ; acquérir des richesses, des honneurs ridicules. Il n’a jamais tenté de s’élever plus haut, et de vivre par l’âme un peu, et par l’esprit. Le jour où il voudra se dégager des fanges, se dresser au-dessus de la boue, remonter vers l’azur, il sera souverain : maître de Soi, de Tout…
— L’effort serait trop grand et trop pénible, dit Philbert. À quoi bon s’efforcer à l’ascension du ciel de la science, quand la vie telle qu’elle est nous garde de suprêmes allégresses ?
— Vous les avez atteintes ?
— Quelquefois.
— Où donc les avez-vous trouvées ?
— Dans le spasme d’amour.
— Oui, c’est vrai : il est une minute où l’homme croit toucher l’extrême bonheur : quand sa chair exaltée et ravie, semble s’anéantir et meurt presque, l’esprit, violemment secoué, brusquement se dégage et fuit avec la joie de l’amour ; las !… sitôt il rechute et revient à sa