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Page:Emery - Vierges en fleur, 1902.djvu/267

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VIERGES EN FLEUR

vestit. Moi qui précédemment ne connus jamais la moindre ferveur vers les héroïnes du passé, moi qui à leur représentation scénique dévoilais le costume, afin de pénétrer la seule nudité de l’interprète, me voici capté, depuis mon arrivée à Roscoff, par le prestige lointain de celle dont le souvenir crée ici une poésie plus merveilleuse que l’immensité de la mer : Marie Stuart !

— Et comme vous le me confiez déjà hier soir, l’attrait primordial de celle que je vous montrai est de vous offrir une ressemblance avec la reine amoureuse ?…

— N’en riez pas ; ni ne m’accusez de divagation insensée. Oui ! si cette jeune fille est ainsi inéluctablement présente à ma pensée, c’est parce que, de noir vêtue, pâle et les cheveux blonds, identique en un mot à mon évocation de la suave héroïne d’Écosse, elle prête à mon rêve la divine grâce de la réalité.

Mopsius, gravement, parla :

— Ami, savourez donc ce rêve sans chercher à savoir, à analyser. Retenez mon conseil : pour être heureux, il ne faut, dans la vie, rien vouloir comprendre d’elle, rien en vouloir discuter. La sagesse est de vivre en délaissant l’enquête des causes et des pourquoi. Ne pas savoir est le bien et surtout le bonheur… La science que j’acquis m’inflige des tortures atroces et terribles.