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Page:Emery - Vierges en fleur, 1902.djvu/269

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VIERGES EN FLEUR

plage où la jeune fille se rendait avec sa mère et sa sœur, il répétait :

— C’est Elle !… N’en doutez pas, Mopsius, c’est Marie Stuart. Celle vers qui s’exalte mon délire… C’est la Marie Stuart de mon imagination… Car mon culte à la reine amoureuse assigne à celle-ci, dans la durée de sa vie, une période préférée. Je ne la vois pas dans l’opulence des brocards et des dentelles, à la cour de France ; j’évoque les temps de son deuil ; ces temps où pâle ainsi et blonde, sous les voiles noirs, elle précipitait vers la quête bienfaisante du spasme la tristesse de ses regrets, la mélancolie d’une destinée fatale. Oui ! telle fut la Marie, amante élue, sœur poétique de Cléopâtre qui vient aujourd’hui pour assurer son emprise.

Andréas Mopsius recueillait ces aveux enfiévrés avec l’attentive bienveillance du psychologue et de l’ami.

Sur la plage, la foule circulait, foule de matin d’été devant la mer : animée, bigarrée, caquetante, joyeuse. Philbert, toujours accompagné du savant, à plusieurs reprises croisa l’Idolâtrée. Son ravissement s’accrut.

L’inconnue avait dans ses traits une remarquable harmonie de sourire ; ses yeux, d’un azur clair, avaient des transparences de pur cristal où s’irradiaient des reflets ; les lèvres sai-