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Page:Emery - Vierges en fleur, 1902.djvu/270

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VIERGES EN FLEUR

gnaient, comme mordues en suprême volupté. La rondeur de la gorge se révélait très ferme et très souple ; et Philbert, entraîné par l’instinct et l’habitude à cette lucide vue qui est un don spécial de l’homme à femmes, devina, quoique s’accusant d’un sacrilège, les intimités du corps : la floraison des seins et la chute du ventre et le fusèlement impeccable des jambes. Mopsius, connaissant l’égoïsme de tels instants, pour qui est épris, ne rompait pas le silence de son compagnon. Philbert resta longtemps sans parler, dans son culte et sa piété vers Elle. Puis :

— L’amour me fut propice en m’accordant cette vision devant l’Océan. La mer, ne trouvez-vous pas ? est le cadre le plus grandiose et le plus enchanteur à la beauté.

— Vous dites vrai. Et les Grecs, qui furent d’incomparables poètes religieux, assignèrent justement à la naissance rose et blonde d’Aphrodite l’élément magnifique, immense et profond comme le charme féminin. C’est la nudité, surtout, qui trouve devant la mer son luxueux décor. Le nu, ici, est grave et divin, autant que la sculpture. C’est à tel point que je ne comprends pas la fausse modestie qui fait revêtir à la femme, pour son bain, le maillot. La nudité qui émerge de l’onde a un prestige sacré, un enchantement divin. L’érection libre des seins, la