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Page:Emery - Vierges en fleur, 1902.djvu/281

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VIERGES EN FLEUR

jouissances juvéniles et ardentes, des agitations politiques de la veille, des affres du lendemain.

Et Philbert questionnait aussi les gens du peuple, exigeait les récits que répètent encore les diseuses de contes. Il y a dans les légendes orales des humbles, surtout dans celles qui immortalisent les histoires d’amour, de si touchantes documentations !

Plus fée encore que reine, couronnée de rayons, s’érigeait l’image de Marie dans les frustes récits des hommes et des femmes de Roscoff.

— Ce fut une belle dame, narrait un vieux marin que Philbert employait comme guide dans des excursions. Ce fut une belle dame qui avait, paraît-il, de grands yeux bleus et doux ; on aurait cru un ange et ses habits étaient riches comme ceux d’une Marie de chapelle. On conte qu’elle fut un brin portée aux mâles. Dame ! jeune et si jolie, il n’y aurait à ça rien de surprenant… Je me suis laissé conter qu’elle mourut vite, peut-être d’avoir trop aimé… En tout cas, c’est une belle mort de s’en aller en jeunesse et en amour !

Au contraire de cette curiosité qui le poussait vers la mémoire de la reine, Philbert demeurait à plaisir dans l’ignorance absolue de celle qui la lui représentait.

Lui, qui d’une femme souhaitée avait toujours