Aller au contenu

Page:Emery - Vierges en fleur, 1902.djvu/280

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
278
VIERGES EN FLEUR

tableaux où elle trônait dans sa majesté prestigieuse de fille des Habsbourg étaient assemblés dans un salon dont les moindres détails étaient d’une sévère authenticité, d’un luxe bien exact ; un boudoir était réservé aux miniatures licencieuses où des peintres favoris avaient fixé de sécrètes joliesses, les joliesses que l’adorable reine avait tenu à perpétuer dans le souvenir de quelques amants.

M. de Nalys avait consumé une béatitude de vieil âge qu’une tendresse illumine encore dans cette reconstitution de ce qu’avait été sa royale adulée.

Il eût été malaisé à Philbert d’obtenir pour son culte à Marie Stuart une telle abondance de réalité.

Mais au moins ne négligeait-il rien de ce qui pouvait légendairement évoquer les visions suscitées en lui par l’immortelle présence de l’Écossaise dans ces paysages de Roscoff.

Il subissait la compagnie maussade — pourtant précieuse ! — d’un vieux bibliomane breton, très versé dans les antiquités de sa province. Il lui soutirait, sous couleur de goût historique, ses connaissances profondes sur le passage de Marie à Roscoff ; et ainsi se restaurait en son esprit l’époque par lui chérie où la reine avait accompli son geste délicieux : l’oubli, en des