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Page:Emery - Vierges en fleur, 1902.djvu/289

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VIERGES EN FLEUR

Comme toujours, elle était vêtue d’une robe de deuil, en crêpe mat plissé, qui tantôt la moulait, accusant l’harmonie sensuelle de sa chair, et tantôt s’éployait en ampleurs majestueuses ainsi qu’un austère costume de veuve. La fauve auréole de ses cheveux étincelait dans la lumière du soleil et le flamboiement de la mer où les rayons, en se reflétant, semblaient se ranimer et se multiplier.

Philbert cherchait les yeux de l’adorée.

Souventes fois déjà, quand il croisait Marie-Reine sur la plage, en les rues, il avait ainsi voulu rencontrer le regard de l’aimée, y trouver un espoir.

Mais ces yeux semblaient fuir, très loin, dans le passé ; les paupières baissées faisaient une barrière que Philbert ne pouvait franchir, malgré tous ses efforts.

Il allait donc enfin les voir, les joindre, ces chers yeux !

Un coup de vent, brusquement, pencha la barque. Marie-Reine tomba contre Philbert ; il la reçut dans ses bras et sentit un instant battre contre son cœur le cœur que l’émotion agitait et troublait.

Une voix — un murmure — soupira doucement :

— Pardonnez-moi, monsieur.