Aller au contenu

Page:Emery - Vierges en fleur, 1902.djvu/288

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
286
VIERGES EN FLEUR

joie ; il tremblait en pensant que l’idolâtrée résisterait peut-être, ne serait pas fléchie par le culte, par la pitié ardente et tendre du fervent.

Les rêves de bonheur de l’ennemi des vierges devenaient naïfs et puérils.

Il songeait quelquefois, le soir, sur la terrasse, quand ses yeux s’élevaient vers le champ des étoiles, que ce serait exquis et divin d’être deux à contempler le même scintil, de laisser doucement son âme monter très haut, très haut, pour s’unir à l’autre âme, tandis que dans la nuit, très délicieusement, se chercheraient les mains.

Tout ce qu’il savait de la bien-aimée, c’était son nom ; Marie-Reine Mercœur.

Marie-Reine… Oui ! sans doute la douce souveraine du rêve, revivant dans la chair d’une contemporaine. Ce n’était pas le hasard aveugle qui lui avait attribué ce nom de Marie-Reine ; mais une volonté consciente et mystérieuse, le jour du baptême, avait évoqué ce souvenir d’antan, mis comme un diadème ce nom royal au front de celle qui renaissait.

Les sautes de la brise culbutaient la voile. Pour ne pas être heurtés par la toile, les passagers durent se réfugier près du pilote, et se grouper les uns contre les autres. Philbert frôla Marie.