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Page:Emery - Vierges en fleur, 1902.djvu/296

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VIERGES EN FLEUR

il leur serait impossible de retourner : la mer descend, le vent les chasserait de la côte.

— Mais c’est abominable. On n’abandonne pas ainsi des gens dans une île. Pourquoi ne pas nous avoir prévenus tantôt ?

— Les vents ont tourné. Mais, puisque vous êtes si ennuyée, je vous ramènerai à Roscoff, si vous voulez.

— J’accepte avec plaisir, mon ami. Allez chercher une barque et des matelots.

— Ma barque, la voici.

Et le pêcheur, d’un geste, montra un canot, à ses pieds.

— Vous êtes fou. C’est dans cette coquille de noix que vous pensez nous faire traverser la mer ?

— Soyez sans crainte, madame. Pas plus que vous, je ne tiens à chavirer. Il n’y a aucun danger ; mais, ce sera long, cinq quarts d’heure au moins ; le courant est très fort ; puis nous sommes nombreux, et j’aurai du mal à ramer.

— Cinq quarts d’heure sur mer, dans votre périssoire, non, vous n’y songez pas.

— Voyons, mère, dit Marie-Reine, pourquoi ne viens-tu pas ? Ce serait délicieux, à cette heure, cette promenade.

— Non, non, j’aime mieux encore passer la nuit dans l’île.